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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/201

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maman l’élan de mon cœur et de mes pensées, à critiquer en moi-même l’éducation que je recevais et dont je lui laissais volontairement ignorer les déboires, enfin à me regarder comme un pauvre être exceptionnellement voué à l’esclavage, à l’injustice, à l’ennui et à d’éternels regrets.

Qu’on ne me demande donc plus pourquoi, pouvant me targuer d’une espèce d’aristocratie de naissance, et priser les jouissances d’un certain bien-être, j’ai toujours porté ma sollicitude et ma sympathie familière, mon intimité de cœur, si je puis ainsi dire, vers les opprimés. Cette tendance s’est faite en moi par la force des choses, par la pression des circonstances extérieures, bien longtemps avant que l’étude de la vérité et le raisonnement de la conscience m’en eussent fait un devoir. Je n’y ai donc aucune gloire, et ceux qui pensent comme moi ne doivent pas plus m’en faire un mérite que ceux qui pensent autrement ne sont fondés à m’en faire un reproche.

Ce qu’il y a de certain, ce que l’on ne contestera pas, de bonne foi, après avoir lu l’histoire de mon enfance, c’est que le choix de mes opinions n’a point été un caprice, une fantaisie d’artiste, comme on l’a dit : mais le résultat inévitable de mes premières douleurs, de mes plus saintes affections, de ma situation même dans la vie.

Ma grand’mère, après une courte résistance