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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/208

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aux personnes en qui le fanatisme de la royauté n’avait pas étouffé l’amour et le respect de la patrie. Ma mère confia Caroline à ma tante et vint passer l’été à Nohant. Il y avait sept ou huit mois que je ne l’avais vue, je laisse à penser quels furent mes transports. Avec elle, d’ailleurs, ma vie était transformée. Rose perdait son autorité sur moi et se reposait volontiers de ses fureurs. J’avais été plus d’une fois tentée de me plaindre à ma mère, aussitôt qu’elle arriverait, des mauvais traitemens que me faisait essuyer cette fille : mais comme, dans sa sincérité de cœur, elle ne se rendait pas compte à elle-même de ses torts envers moi, comme, au lieu de redouter son arrivée, elle se réjouissait de toute son âme de voir madame Maurice, comme elle préparait sa chambre avec sollicitude, comme elle comptait les jours et les heures avec moi, comme elle l’aimait enfin, je lui pardonnai tout, et non-seulement je ne trahis pas le secret de ses violences, mais encore j’eus le courage de les nier, lorsque ma mère en eut quelque soupçon. Je me rappelle qu’un jour ces soupçons s’aggravèrent et que j’eus un certain mérite à les effacer.

Mon frère avait imaginé de faire de la glu pour prendre les oiseaux. Je ne sais si c’est dans le Grand ou le Petit Albert, ou dans notre vieux manuel de diablerie qu’il en avait trouvé la recette. Il s’agissait tout bonnement de piler du gui de chêne. Nous ne réussîmes point à faire d