Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/291

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deviendrait banal, ennuyeux pour moi, et que je ferais, des personnages charmans avec lesquels je passais ma vie, des êtres de convention comme ceux que je trouvais souvent dans les livres, ou, tout au moins des étrangers occupés d’un secret auquel je ne pouvais m’intéresser, puisqu’il ne répondait à aucune émotion que j’eusse éprouvée par moi-même. En revanche, l’amitié, l’amour filial ou fraternel, la sympathie, l’attrait le plus pur, régnaient dans cette sorte de monde enchanté : mon cœur comme mon imagination étaient tout entiers dans cette fantaisie, et quand j’étais mécontente de quelque chose ou de quelqu’un dans la vie réelle, je pensais à Corambé avec presque autant de confiance et de consolation qu’à une vérité démontrée.

J’en étais là lorsqu’on m’annonça que dans trois mois j’aurais à faire ma première communion.

C’était une situation encore plus embarrassante pour ma bonne maman que pour moi. Elle ne voulait pas me donner une éducation franchement philosophique. Tout ce qui eût pu être taxé d’excentricité lui répugnait ; mais, en même temps qu’elle subissait l’empire de la coutume, et qu’au début de la Restauration elle n’eût pu s’y soustraire sans un certain scandale, elle craignait que ma nature enthousiaste ne se laissât prendre à la superstition, dont elle avait décidément horreur. Elle prit donc le parti de me dire