Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/350

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la cloche avait un joli son argentin comme une voix féminine ; dans tous les passages, une niche gracieusement découpée dans la muraille s’ouvrait pour vous montrer une madone grassette et maniérée du dix-septième siècle ; dans l’ouvroir, de belles gravures anglaises vous présentaient la chevaleresque figure de Charles Ier à tous les âges de sa vie, et tous les membres de la royale famille papiste. Enfin, jusqu’à la petite lampe qui tremblotait, la nuit, dans le cloître, et aux lourdes portes qui, chaque soir, se fermaient à l’entrée des corridors avec un bruit solennel et un grincement de verrous lugubre, tout avait un certain charme de poésie mystique auquel tôt ou tard je devais être fort sensible.

Maintenant je raconte. Mon premier mouvement en entrant dans la petite classe fut pénible. Nous y étions entassés une trentaine dans une salle sans étendue et sans élévation suffisantes. Les murs revêtus d’un vilain papier jaune d’œuf, le plafond sale et dégradé, des bancs, des tables et des tabourets malpropres, un vilain poêle qui fumait, une odeur de poulailler mêlée à celle du charbon, un vilain crucifix de plâtre, un plancher tout brisé, c’était là que nous devions passer les deux grands tiers de la journée, les trois quarts en hiver, et nous étions en hiver précisément.

Je ne trouve rien de plus maussade que cette coutume des maisons d’éducation de faire de la salle des études l’endroit le plus triste