Aller au contenu

Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/374

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

gins qui, dans les romans de Radcliffe et dans les chroniques des vieux manoirs, font mouvoir une pierre, tourner un pan de boiserie, ouvrir une entrée quelconque vers des régions inconnues.

Mais, hélas, rien ! le mur est lisse et crépi en plâtre. Le carreau rend un son mat, aucune dalle ne se soulève, l’escalier ne recèle aucun secret. Isabelle ne se décourage pas. Au plus profond de l’angle qui rentre sous l’escalier, elle déclare que la muraille sonne le creux, on frappe, on vérifie le fait. « C’est là, s’écrie-t-on. Il y a là un passage muré, mais ce passage est celui de la fameuse cachette. Par là on descend au sépulcre qui renferme des victimes vivantes. » On colle l’oreille à ce mur, on n’entend rien, mais Isabelle affirme qu’elle entend des plaintes confuses, des grincemens de chaînes : que faire ? « C’est tout simple, dit Mary, il faut démolir le mur. À nous toutes, nous pourrons bien y faire un trou. »

Rien ne nous paraissait plus facile ; nous voilà travaillant ce mur, les unes essayant de l’enfoncer avec leurs bûches, les autres l’écorchant avec les pelles et les pincettes, sans penser qu’à tourmenter ainsi ces pauvres murailles tremblantes, nous risquions de faire écrouler le bâtiment sur nos têtes. Nous ne pouvions heureusement lui faire grand mal, parce que nous ne pouvions pas frapper sans attirer quelqu’un par le bruit retentissant des coups de bûche. Il