Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/401

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pas une comédie, sachant bien que Louise et sa famille avaient la mémoire du cœur, je me disais pourtant que, par la force des choses, ce que j’avais vu n’était qu’une charmante petite parade de salon.

Avant de clore cette digression, on me permettra de faire remarquer l’espèce d’analogie qui existe entre l’aventure de la marquise chez Pierre Riallo et les idées que ma mère avait encore en 1804 sur le mariage civil. En 1804, ma mère ne se croyait pas mariée avec mon père parce qu’elle n’était mariée qu’à la municipalité. En 93, Mme de Larochejaquelein ne se fût pas crue mariée avec Pierre Riallo parce que l’officier municipal promettait de déchirer l’acte. Ce peu de respect pour une formalité purement civile marque bien la transition d’une législation à une autre, et la transformation de la société.

Je quitte mon épisode anticipé, qui date de 1824 ou 1825, 1826 peut-être, et je reviens sur mes pas. Je rentre au couvent, où Louise, avec sa vive intelligence, son noble cœur et son aimable caractère, ne faisait naître en moi aucune des réflexions que j’eus lieu de faire plus tard sans cesser de l’aimer. Je l’ai perdue de vue depuis longtemps. J’ignore qui elle a épousé, j’ignore même si elle vit, tant je suis peu du monde, tant j’ai franchi de choses qui me séparent du passé et m’ont fait perdre jusqu’à la trace de mes premières relations. Si elle existe, si elle se