Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/407

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troisième se sauve ; c’est aussitôt un sauve-qui-peut général, on quitte la classe en masse, renversant les chaises, les bancs, les lumières, et on s’enfuit dans le cloître en tombant les unes sur les autres, entraînant les maîtresses, qui ne crient et ne courent pas moins que les élèves. Il faut une heure pour rassembler le troupeau éperdu, et quand on veut s’expliquer, impossible d’y rien comprendre.

Malgré toute cette gaîté fébrile de la petite classe, j’y souffrais si réellement au moral et au physique, que j’ai conservé le souvenir du jour où j’entrai à la grande classe comme un des plus heureux de ma vie.

J’ai toujours été sensible à la privation de la vive lumière. Il semble que toute ma vie physique soit là. Je m’assombris inévitablement dans une atmosphère terne. La grande classe était très vaste ; il y avait cinq ou six fenêtres, dont plusieurs donnaient sur les jardins. Elle était chauffée d’une bonne cheminée et d’un bon poêle. D’ailleurs, le printemps commençait. Les marronniers allaient fleurir, leurs grappes rosées se dressaient comme des candélabres. Je crus entrer dans le paradis.

La maîtresse de classe, que l’on tournait beaucoup en ridicule, et qui était bien un peu étrange dans ses manières, était une fort bonne personne au fond, et encore plus distraite que Mlle D… On l’appelait la Comtesse, parce qu’elle