Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/415

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le corridor pendant que je m’installais dans la cellule, et j’entendis leur conversation en anglais. Je ne sais si elles me croyaient déjà capable de n’en pas perdre beaucoup de mots.

« Voyons, disait Mme Eugénie, cet enfant est donc détestable, vous qui la connaissez ? — Elle n’est pas détestable du tout, répondit la mère Alippe ; elle est bonne, au contraire, et cette D…… ne l’est pas. Mais l’enfant est diable, comme elles disent…… Ah ! cela vous fait rire, vous ? vous aimez les diables, on sait cela ! » (C’est bon à savoir, pensai-je.) Et Mme Eugénie reprit : « Puisqu’elle est folle, ce n’est pas le moment de la confirmer. Elle n’y porterait pas le recueillement nécessaire. Laissons-lui le temps de devenir sage, et surtout ne la mettons pas en contact avec une personne qui lui en veut. Vous m’accordez bien que cet enfant m’appartient, et que vous-même vous n’avez plus de droit sur elle ? — Pas d’autres que les droits de l’amitié chrétienne, répondit la mère Alippe, et Mlle D…… est dans son tort ; soyez tranquille, elle ne recommencera plus. »

Mme Eugénie alla trouver la supérieure, à ce que je crois, pour s’expliquer avec elle, et peut-être avec la mère Alippe et Mlle D……, sur ce qui venait de se passer et sur ce qu’il y avait à faire. Pendant que j’étais dans la cellule de ma protectrice, Poulette vint m’y trouver. Poulette, c’était le nom que les petites avaient donné à Mme Mary