Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/44

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et beaucoup plus âgée que lui. Elle avait été mariée à M. Valet de Villeneuve, financier, et ses deux fils, René et Auguste, étaient par conséquent les neveux de mon père, bien que l’oncle et les neveux fussent à peu près du même âge.

Quant à moi, je suis leur cousine, et leurs enfans sont mes neveux et nièces à la mode de Bretagne, bien que je sois la plus jeune de cette génération. Ce renversement de l’âge, qui convient ordinairement au degré ascendant de la parenté, faisait toujours un effet bizarre pour les personnes qui n’étaient pas bien au courant de la filiation. À présent, quelques années de différence ne s’aperçoivent plus ; mais quand j’étais un petit enfant, et que de grands garçons et de grandes demoiselles m’appelaient ma tante, on croyait toujours que c’était un jeu. Par plaisanterie, mes cousins, habitués à appeler mon père leur oncle, m’appelaient leur grand’tante, et mon nom prêtant à cet amusement, toute la famille, vieux et jeunes, grands et petits, m’appelaient ma tante Aurore.

Cette famille demeurait alors et a demeuré depuis, pendant une trentaine d’années, dans une même maison qui lui appartenait, rue de Grammont. C’était une nombreuse famille, comme on va voir, et dont l’union avait quelque chose de patriarcal. Au rez-de-chaussée, c’était Mme de Courcelles, mère de Mme de Guibert. Au premier, Mme de Guibert, mère de Mme René de