Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/487

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vieux prêtre, le plus paternel, le plus simple, le plus sincère, le plus chaste des hommes, et pourtant c’était un jésuite, un père de la foi, comme on disait depuis la révolution. Mais il n’y avait en lui que droiture et charité. Il s’appelait l’abbé de Prémord, et confessait la moindre partie du troupeau ; l’abbé de Villèle, qui était le directeur en titre de la communauté et des pensionnaires, ne pouvant suffire à tout.

On nous envoyait à confesse, bon gré, mal gré, tous les mois, usage détestable qui violentait la conscience et condamnait à l’hypocrisie celles qui n’avaient pas le courage de la résistance.

« Mon père, dis-je à l’abbé, vous savez bien comment je me suis confessée jusqu’ici, c’est-à-dire que vous savez que je ne me suis pas confessée du tout. Je suis venue vous réciter une formule d’examen de conscience qui court la classe et qui est la même pour toutes celles qui viennent à confesse contraintes et forcées. Aussi ne m’avez-vous jamais donné l’absolution que je ne vous ai jamais demandée non plus. Aujourd’hui je vous la demande et je veux me repentir et m’accuser sérieusement. Mais je vous avoue que je ne me souviens d’aucun péché volontaire ; j’ai vécu, j’ai pensé, j’ai cru comme on me l’avait enseigné. Si c’était un crime de nier la religion, ma conscience, qui était muette, ne m’a avertie de rien. Pourtant je dois faire pénitence, aidez-moi à me