Aller au contenu

Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/500

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Marie Alicia, mais j’étais sensible à la part d’affection qu’elle pouvait me donner, et baisais avec reconnaissance sa main longue, blanche et froide.

Ce fut au milieu de ma première ferveur que je contractai une amitié qui fut trouvée encore plus bizarre que celle que je portais à Mme Eugénie, mais qui m’a laissé les plus doux et les plus chers souvenirs.

Dans la liste de nos religieuses, j’ai nommé une sœur converse, sœur Hélène, dont je me suis réservé de parler amplement quand j’aurais atteint la phase de mon récit où son existence se mêle à la mienne ; m’y voici arrivée.

Un jour que je traversais le cloître, je vois une sœur converse assise sur la dernière marche de l’escalier, pâle, mourante, baignée d’une sueur froide. Elle était placée entre deux seaux fétides qu’elle descendait du dortoir, et qu’elle allait vider. Leur pesanteur et leur puanteur avaient vaincu son courage et ses forces. Elle était pâle, maigre, en chemin de devenir phthisique. C’était Hélène, la plus jeune des converses, consacrée aux fonctions les plus pénibles et les plus repoussantes du couvent. À cause de cela, elle était un objet de dégoût pour les pensionnaires recherchées. On eût frémi de s’asseoir auprès d’elle, on évitait même de frôler son vêtement.

Elle était laide, d’un type commun, marquée de taches de rousseur sur un fro