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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/540

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Ainsi, je murmurais contre l’objet de mon adoration, et comme une amante jalouse et irritée, je lui eusse volontiers adressé d’amers reproches. Mais je frissonnais devant ces instincts de rebellion, et, me frappant la poitrine : « Oui, me disais-je, il faut que ce soit ma faute. Il faut que j’aie commis un crime et que ma conscience endurcie ou hébétée ait refusé de m’avertir. »

Et me voilà épluchant ma conscience et cherchant mon péché avec une incroyable rigueur envers moi-même, comme si l’on était coupable quand on cherche ainsi sans pouvoir rien trouver ! Alors je me persuadai qu’une suite de péchés véniels équivalait à un péché mortel, et je cherchai de nouveau cette quantité de péchés véniels que j’avais dû commettre, que je commettais sans doute à toute heure, sans m’en rendre compte, puisqu’il est écrit que le juste pèche sept fois par jour, et que le chrétien humble doit se dire qu’il pèche jusqu’à septante fois sept fois.

Il y avait peut-être eu beaucoup d’orgueil dans mon enivrement. Il y eut excès d’humilité dans mon retour sur moi-même. Je ne savais rien faire à demi. Je pris la funeste habitude de scruter en moi les petites choses. Je dis funeste, parce qu’on n’agit pas ainsi sur sa propre individualité sans y développer une sensibilité déréglée, et sans arriver à donner une importance puérile aux moindres mouvemens du