Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/586

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reprochait de parler bas souvent à ces dames et d’avoir avec elles un air de cachoterie, je lui fis promettre, en riant, le secret vis-à-vis d’elle-même, et lui confessai que depuis huit jours nous bâtissions un théâtre et répétions une pièce pour le jour de sa fête ; mais que j’aimais bien mieux en trahir la surprise que de la laisser souffrir un seul jour de plus de ses chimères. « Eh ! mon Dieu, me dit-elle en riant aussi à travers ses pleurs, je le sais bien que vous me préparez une belle fête et une belle surprise ! Comment peux-tu t’imaginer que Julie ne me l’ait pas dit ?

— Elle a très bien fait, sans doute, puisqu’elle vous a vue inquiète de nos mystères ; mais alors comment se fait-il, chère maman, que vous vous en tourmentiez encore ? »

Elle m’avoua qu’elle ne savait pas pourquoi elle s’en était fait un chagrin ; et comme je lui proposai de laisser aller la comédie sans m’en mêler afin de passer tout mon temps auprès d’elle, elle s’écria : « Non pas, non pas ! Je ne veux point de cela ! Mme de Pontcarré fera bien assez valoir sa fille ; je ne veux pas que, comme à l’ordinaire, tu sois mise de côté et éclipsée par elle ! »

Je n’y comprenais plus rien. Jamais l’idée d’une rivalité quelconque n’avait pu éclore dans la tête de Pauline ou dans la mienne. Mme de Pontcarré n’y pensait probablement pas davantage ; mais ma pauvre jalouse de bonne maman