Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/627

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peur qu’on découvre la fausseté ? Le christianisme sera-t-il moins vrai parce qu’il paraîtra plus beau ? Bannissons une frayeur pusillanime. Par excès de religion, ne laissons pas la religion périr. Nous ne sommes plus dans le temps où il était bon de dire : Croyez, et n’examinez pas. On examinera malgré nous, et notre silence timide, augmentant le triomphe des incrédules, diminuera le nombre des fidèles. »

On voit que la question était bien nettement posée devant mes yeux. D’une part, abrutir en soi-même tout ce qui n’est pas la contemplation immédiate de Dieu seul ; de l’autre chercher autour de soi et s’assimiler tout ce qui peut donner à l’âme des élémens de force et de vie pour rendre gloire à Dieu. L’alpha et l’oméga de la doctrine. « Soyons boue et poussière ; soyons flamme et lumière. — N’examinez rien si vous voulez croire. — Pour tout croire, il faut tout examiner. » À qui entendre ?

L’un de ces livres était-il complètement hérétique ? Lequel ? Tous deux m’avaient été donnés par les directeurs de ma conscience. Il y avait donc deux vérités contradictoires dans le sein de l’Église ? Chateaubriand proclamait la vérité relative. Gerson la déclarait absolue.

J’étais dans de grandes perplexités. Au galop de Colette, j’étais tout Chateaubriand. À la clarté de ma lampe, j’étais tout Gerson, et me reprochais le soir mes pensées