Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/637

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à fait bonne idée de votre bon sens, et me persuade que quand vous aurez appris quelque chose, vous verrez d’autant mieux ce qui vous manque pour savoir beaucoup. Laissez donc la crainte de l’orgueil aux imbéciles. La vanité, qu’est-ce que cela pour les cœurs fidèles ! Ils ne savent ce que c’est. — Étudiez, apprenez, lisez tout ce que votre grand’mère vous eût permis de lire. Vous m’avez écrit qu’elle vous avait indiqué dans sa bibliothèque tout ce qu’une jeune personne pure doit laisser de côté et n’ouvrir jamais. En vous disant cela, elle vous en a confié les clés. J’en fais autant. J’ai en vous la plus entière confiance, et mieux fondée encore, moi qui sais le fond de votre cœur et de vos pensées. Ne vous faites pas si gros et si terribles tous ces esprits forts et beaux-esprits mangeurs d’enfans. On peut aisément troubler les faibles en calomniant les gens d’église ; mais peut-on calomnier Jésus et sa doctrine ? Laissez passer toutes les invectives contre nous. Elles ne prouvent pas plus contre lui que ne prouveraient nos fautes, si ce blâme était mérité. Lisez les poètes. Tous sont religieux. Ne craignez pas les philosophes, tous sont impuissans contre la foi. Et si quelque doute, quelque peur s’élève dans votre esprit, fermez ces pauvres livres, relisez un ou deux versets de l’Évangile, et vous vous sentirez docteur à tous ces docteurs. »