Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/70

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qui ne servent à rien du tout pour votre salut et pour le mien. Le temps est mauvais, les chemins sont gâtés, et si monseigneur était obligé de patauger, comme nous, deux heures dans la boue avec la pluie sur le dos, il ne serait pas si friand de cérémonies. — Ma foi, je n’ai pas envie de me déranger pour celle-là, et si vous m’en croyez, vous resterez chacun chez vous… Oui dà, j’entends le père un tel qui me blâme, et voilà ma servante qui ne m’approuve point…… Ecoutez : que ceux qui ne sont pas contens, aillent…… se promener. Vous en ferez ce que vous voudrez : mais quant à moi, je ne compte pas sortir dans les champs : je vous ferai votre procession autour de l’église. C’est bien suffisant. Allons, allons, c’est entendu. Finissons cette messe qui n’a duré que trop longtemps. » J’ai entendu de mes deux oreilles plus de deux cents sermons, dont celui-là est un specimen très atténué, et dont les formes sont restées proverbiales dans nos paroisses, particulièrement la formule de la fin qui était comme l’amen de toutes ses prédications et admonestations paternelles.

Il y avait à Saint-Chartier une vieille dame d’un embonpoint prodigieux, dont l’époux était maire ou adjoint de la commune. Elle avait eu une vie orageuse : novice, avant la révolution, elle avait sauté par dessus les murs du monastère pour suivre à l’armée un garde français ou