Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/771

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CHAPITRE VINGT ET UNIÈME.

Singularités, grandeurs et agitations de ma mère. — Une nuit d’expansion. — Parallèle. — Le Plessis. — Mon père James et ma mère Angèle. — Bonheur de la campagne. — Retour à la santé, à la jeunesse et à la gaîté. — Les enfans de la maison. — Opinions du temps. — Loïsa Puget. — M. Stanislas et son cabinet mystérieux. — Je rencontre mon futur mari. — Sa prédiction. — Notre amitié. — Son père. — Bizarreries nouvelles. — Retour de mon frère. — La baronne Dudevant. — Le régime dotal. — Mon mariage. — Retour à Nohant. — Automne 1823.


Pour supporter une telle existence, il eût fallu être une sainte. Je ne l’étais pas, malgré mon ambition de le devenir. Je ne sentais pas mon organisation seconder les efforts de ma volonté. J’étais affreusement ébranlée dans tout mon être. Ce bouquet à toutes mes agitations et à toutes mes tristesses portait un si rude coup à mon système nerveux que je ne dormais plus du tout et que je me sentais mourir de faim, sans pouvoir surmonter le dégoût que me causait la vue des alimens. J’étais secouée à tout instant par des sursauts fébriles, et je sentais mon cœur aussi malade que mon corps. Je ne pouvais plus prier. J’essayai de faire mes dévotions à Pâques. Ma mère ne voulut pas me permettre d’aller voir