Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/773

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excellentes envers moi, mais ne pouvaient ou ne savaient pas me protéger. Ma bonne tante prétendait qu’il fallait rire des lubies de sa sœur et croyait la chose possible de ma part. Pierret, plus juste et plus indulgent que ma mère à l’habitude, mais parfois aussi susceptible et aussi fantasque, prenait ma tristesse pour de la froideur, et me la reprochait avec sa manière furibonde et comique qui ne pouvait plus me divertir. Ma bonne Clotilde ne pouvait rien pour moi. Ma sœur était froide et avait répondu à mes premières effusions avec une sorte de méfiance, comme si elle se fût attendue à de mauvais procédé de ma part. Son mari était un excellent homme qui n’avait aucune influence sur la famille. Mon grand-oncle de Beaumont ne fut point tendre. Il avait toujours eu un fonds d’égoïsme qui ne lui permettait plus de supporter une figure pâle et triste à sa table sans la taquiner jusqu’à la dureté. Il vieillissait aussi beaucoup, souffrait de la goutte, et faisait de fréquentes algarades dans son intérieur, et même à ses convives, quand ils ne s’efforçaient pas de le distraire et ne réussissaient pas à l’amuser. Il commençait à aimer les commérages, et je ne sais jusqu’à quel point ma mère ne l’avait pas imprégné de ceux dont j’étais l’objet à La Châtre !

Ma mère n’était cependant pas toujours tendue et irritée. Elle avait ses bons retours de candeur et de tendresse par où elle me reprenait. C’était