Aller au contenu

Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/85

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Comme Deschartres battait cruellement mon pauvre frère, et qu’il se contentait de dire des sottises aux petites filles, il était convenu, entre Hippolyte, Ursule et moi, que nous prendrions beaucoup de ces sortes de choses sur notre compte, et même nous avions, pour mieux donner le change, une petite comédie tout arrangée et qui eut du succès pendant quelque temps. Hippolyte prenait l’initiative : « Voyez ces petites sottes ! criait-il aussitôt qu’il avait cassé une assiette ou fait crier un chien trop près de l’oreille de Deschartres, elles ne font que du mal ! voulez-vous bien finir, mesdemoiselles ! » Et il se sauvait, tandis que Deschartres, mettant le nez à la fenêtre, s’étonnait de ne pas voir les petites filles.

Un jour que Deschartres était allé vendre des bêtes à la foire, car l’agriculture et la régie de nos fermes l’occupaient en première ligne, Hippolyte, étant sensé étudier sa leçon dans la chambre du grand homme, s’imagina de faire le grand homme tout de bon. Il endosse la grande veste de chasse, qui lui tombait sur les talons, il coiffe la casquette à soufflet, et le voilà qui se promène dans la chambre en long et en large, les pieds en dehors, les mains derrière le dos,