Page:Sand - Isidora, 1845.djvu/133

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— Et, l’on m’a dit, contre notre sexe particulièrement ?

Isidora se troubla légèrement ; puis elle reprit aussitôt :

— Dans ces moments-là, il exceptait une seule femme de la réprobation.

— Et c’était vous, sans doute, madame ?

— Non, Madame, répondit Isidora, d’un accent de franchise courageuse ! c’était vous. Ma sœur est un ange, disait-il ; ma sœur n’a jamais eu un seul instant, dans toute sa vie, la pensée du mal.

— Mais, Madame… cet éloge exagéré, sans doute, ne renfermait-il pas un reproche muet contre quelque autre femme ?

— Vous voulez dire contre moi ? Écoutez, Madame, reprit Isidora avec une audace presque majestueuse, je ne suis pas venue ici pour me confesser des reproches justes ou injustes que la passion d’un homme a pu m’adresser. Le récit de pareils orages épouvanterait peut-être votre âme tranquille. Je me crois assez justifiée par la preuve de haute estime que votre frère m’a donnée en m’épousant. Je ne sais pas ce que contient cette lettre ; j’en ai respecté le secret et j’ai rempli ma mission. Je n’ai jamais eu l’intention de me prêter à un interrogatoire,