Page:Sand - Isidora, 1845.djvu/134

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quelque gracieux et bienveillant qu’il pût sembler…

En parlant ainsi, Isidora se levait avec lenteur, ramenait son châle sur ses épaules, et se disposait à prendre congé.

— Pardon, Madame, reprit Alice, qui, choquée de sa raideur, voulait absolument tenter une dernière épreuve ; soyez assez bonne pour prendre connaissance de cette lettre que vous m’avez remise.

Elle présenta la lettre à Isidora, et approcha d’elle un guéridon et une bougie, voulant observer quelle impression cette lecture produirait sur son impénétrable physionomie.

Isidora parut éprouver une vive répugnance à subir l’épreuve ; elle était venue armée jusqu’aux dents, elle craignait de s’attendrir en présence de témoins. Cependant, comme elle ne pouvait refuser, elle se rassit, posa la lettre sur le guéridon, et, baissant la tête sous son voile, comme si elle eût été myope, elle déroba entièrement son visage aux investigations d’Alice.

L’idée de la mort était si antipathique à cette nature vivace, le spectacle de la mort lui avait été si redoutable, cette lettre lui rappelait de si affreux souvenirs, qu’elle ne put y jeter les yeux sans, frissonner.