Page:Sand - Isidora, 1845.djvu/154

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implacable, qui repoussait jadis le pardon de l’amour, refusera-t-elle la nouvelle alliance de l’amitié ? Ne m’attribuez pas les généreux mouvements de cette noble femme. Son cœur n’a pas besoin d’enseignement ; mais sachez bien que si elle en avait besoin, et si j’avais sur elle l’influence qu’il vous a plu tout à l’heure de m’attribuer, je voudrais que vous dussiez le repos de votre conscience et la guérison de vos blessures à cette main de femme, plutôt qu’à celle d’aucun homme.

L’exaspération d’Isidora était déjà tombée, comme le vent capricieux de l’orage lorsqu’il s’abat sur les plantes et semble s’endormir en touchant la terre. Mobile comme l’atmosphère, en effet, elle écoutait Jacques d’un air moitié soumis, moitié incrédule.

— Tu as peut-être raison, dit-elle, peut-être ! Je n’en sais rien encore, j’ai besoin de me recueillir, de m’interroger. Je suis partagée entre deux élans contraires : l’un, qui me pousse aux genoux de cette femme au front d’ange, l’autre, qui me fait haïr et craindre la protection de cette dame à la voix de sirène. Une dévote, peut-être ! qui veut me mener à l’église et me présenter au monde des sacristies, comme un trophée de sa béate victoire. Ah ! que sais-je ? En Italie aussi, des femmes de qualité ont