Page:Sand - Isidora, 1845.djvu/208

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Jacques obéit. Isidora se préparait à monter en voiture pour aller se promener au bois avec quelques personnes. À peine sut-elle l’objet de la mission de Jacques, par un billet écrit au crayon dans l’antichambre, qu’elle congédia son monde, fit dételer sa voiture, et jetant son voile sur sa tête, elle s’élança vers lui et prit son bras avec une vivacité touchante.

— Ah ! que je vous remercie ! lui dit-elle en courant avec lui, comme une jeune fille, à travers les jardins. Quelle bonne mission vous remplissez là ! Je croyais qu’elle m’avait déjà oubliée, et je ne vivais plus.

— Elle a été malade, dit Jacques.

— Sérieusement ; mon Dieu ?

— Je ne pense pas ; cependant elle est fort changée.

Le pressentiment de la vérité traversa l’esprit pénétrant d’Isidora. Lorsqu’elle songeait à la conduite d’Alice, elle était près de tout deviner ; mais, lorsqu’elle la voyait, ses soupçons s’évanouissaient. C’est ce qui lui arriva encore, lorsque Alice la reçut avec un rayon de bonheur dans les yeux et les bras loyalement ouverts à ses tendres caresses. L’impétueuse et indomptée Isidora ne pouvait élever sa pensée jusqu’à comprendre la fermeté patiente d’un tel mar-