Page:Sand - Isidora, 1845.djvu/220

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en nous et par nous. Nous n’avons pas plus tôt renoncé à un objet de nos désirs, que l’objet du sacrifice nous semble celui qu’il aurait fallu sacrifier. Nous nous dépouillons pour donner, et la main qui nous implorait se ferme et nous repousse. Nous arrosons de nos pleurs une terre qui promettait des fleurs et des fruits ; elle se sèche et produit des ronces ! Épouvantés, nous nous laissons déchirer par ses épines, et nous nous demandons s’il faut la maudire ou l’arroser de notre sang jusqu’à ce qu’il n’en reste plus ! Sombre image de la parabole du bon grain ! Ô semeurs opiniâtres et inutiles que nous sommes ! Les rochers se dressent dans le désert, et nous tombons épuisés avant la fin du jour !




A. — Pourquoi donc sa vie semble-t-elle s’épuiser comme une coupe que le soleil pompe et dessèche, sans qu’il s’en soit répandu une seule goutte au dehors ?… Mais silence, ô mon cœur ! ce n’est pas pour elle que tu dois souffrir ; ton martyre lui est étranger, inutile… Il lui serait indifférent, sans