Page:Sand - Isidora, 1845.djvu/23

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tion. Ce vieux malheureux demandait grâce. Il a des neveux assez riches, dit-il, et qui ne le négligeront pas toujours. Il leur a écrit. Ils sont en province, bien loin ; mais ils répondront, et il paiera si on lui et donne le temps. Sans avoir de neveux, je suis dans une position analogue. Le notaire qui touche mon mince revenu de campagne m’oublie et me néglige. Il ne le ferait pas si j’étais un meilleur client, si j’avais trente mille livres de rente. Heureusement pour moi, mon loyer n’est pas arriéré ; mais je me trouve dans l’impossibilité maintenant de payer celui de mon vieux voisin. J’ai offert d’être sa caution ; mais la malheureuse portière, cette triste et laide madame Germain, que la nécessité condamne à faire de sa servitude une tyrannie, a jeté un regard de pitié sur mes pauvres meubles, dont maintes fois elle a dressé l’inventaire dans sa pensée ; et d’une voix âpre, avec un regard où la défiance semblait chercher à étouffer un reste de pitié, elle m’a répondu que je n’avais pas un mobilier à répondre pour deux, et qu’il lui était interdit d’accepter la caution des locataires du cinquième les uns pour les autres. Alors, touché de la situation de mon voisin, j’ai écrit au propriétaire un billet dont j’attache ici le brouillon avec une épingle.