Page:Sand - Isidora, 1845.djvu/65

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crainte de passer pour, l’amant d’une femme qu’on peut outrager ainsi ?

— Rien de semblable ne m’est venu à l’esprit ; je n’ai songé qu’à vous débarrasser d’un fou ou d’un ennemi, qui m’eût, à coup sûr, forcé de traverser par quelque scandale le plaisir que j’éprouve à causer avec vous.

— Mais si j’avais été cette Isidora fameuse dont on dit tant de mal, et dont vous avez sans doute la plus parfaite horreur, et si l’ennemi s’était acharné à me prendre pour elle, nonobstant notre mariage improvisé ?…

— D’abord je ne m’inquiète pas de cette Isidora, et je ne la connais pas. Je ne suis pas un homme du monde, je n’ai point de rapports avec ce genre de femmes célèbres. Ensuite, Isidora ou non, je vous prie de croire que je ne suis pas assez de mon village pour ne pas savoir qu’on doit protection à la femme qu’on accompagne.

— Ah ! mon cher villageois, avoue que c’est une triste nécessité que le devoir d’un honnête homme en pareil cas ! Risquer sa vie pour une fille !

— Je n’ai jamais su ce que c’était qu’une fille, je le sais moins que jamais, et je suis tenté, depuis