Page:Sand - Isidora, 1845.djvu/86

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l’outrager. Elle ne se trouve être votre parente qu’à un certain degré, au lieu que moi… je suis sa belle-sœur ! elle est la veuve de mon frère, d’un homme qu’elle a aimé, que je chérissais, et pour lequel aucun de vous n’a eu, dans les dernières années de sa vie, beaucoup d’indulgence.

Au mot de belle-sœur, un cri d’indignation avait retenti dans tout le salon, et la vieille tante s’était vigoureusement frappé la poitrine de son éventail ; la Cousine abaissa son voile sur sa figure ; l’oncle soupira ; le beau cousin se dandina et fit crier le parquet sous un léger trépignement d’ironie. D’autres parents, qui se trouvaient là, et qui jouaient convenablement, de l’œil et du sourire, leur rôle de comparses, chuchotèrent et se promirent les uns aux autres de ne pas imiter l’exemple de madame de T…

« Ma chère nièce, dit enfin l’oncle, je ne suis pas le partisan de vos idées philosophiques ; je suis un peu trop vieux pour abjurer mes principes, quoique je pusse le faire avec vous en bonne compagnie. Je connais votre bonté excessive, et ne suis pas étonné de vous voir fermer l’oreille à la vérité, quand cette vérité est une condamnation sans appel. Vous espérez toujours justifier et sauver ceux qu’on accuse ;