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jean ziska.

Taborite. Ziska le Calixtin, le médiateur impossible entre ces partis arrivés à l’heure d’explosion, devait jeter quelque éclat et mourir à temps, car il ne lui restait plus qu’à choisir entre l’abandon des siens ou celui de sa propre gloire.

Hésitant à jeter la torche au sein du Hussitisme, il envoya des députés à Prague d’abord, pour désavouer l’équipée que ses gens venaient d’y faire ; ensuite pour exhorter le parti calixtin à ne point élire Coribut. Il se faisait fort, disait-il, de défendre la Bohême contre l’Empereur et contre les grands, sans qu’il fût besoin qu’un peuple libre s’assujettit à un roi. « Ceux de Prague répondirent qu’ils étaient bien aises qu’il n’eût point de part à la dernière irruption des Taborites ; mais qu’ils étaient fort étonnés qu’il leur déconseillât Coribut, puisqu’il n’ignorait pas que toute république a besoin d’un chef ». À cette réponse, Ziska comprit qu’on ne voulait plus qu’il fût ce chef nécessaire ; et, blessé de voir préféré un étranger au bouclier éprouvé de la patrie, il s’écria en levant son bâton de commandement : J’ai par deux fois délivré ceux de Prague ; mais je suis résolu de les perdre, et je ferai voir que je puis également et sauver et opprimer ma patrie.


XIII.


Aussitôt Ziska se met en devoir d’exécuter cette terrible résolution ; et, tout en ravageant sur son chemin les terres des seigneurs catholiques, il marche sur Graditz, qui était réputée calixtine, avec l’intention de la surprendre. Cependant les Taborites, qui peut-être eussent voulu marcher tout de suite sur Prague, commençaient à murmurer. Une nuit qu’ils cheminaient dans les