Page:Sand - Jean Ziska, 1867.djvu/138

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
133
jean ziska.

ténèbres, fatigués d’une longue course, ils refusèrent d’aller plus avant. Cet aveugle, disaient-ils, croit que le jour et la nuit nous sont pareils comme à lui. Ziska leur demanda s’il n’y avait pas quelque village aux environs ; on lui en nomma un : Allez donc y mettre le feu pour vous éclairer, reprit-il. Ils lui obéirent, et un peu plus loin ils rencontrèrent Czinko de Wartemberg et quelques autres grands seigneurs catholiques, qui leur livrèrent un rude combat. Ils en sortirent triomphants comme à l’ordinaire, et plusieurs de ces seigneurs y périrent, après quoi Ziska conduisit les Taborites à Graditz. Cette ville, qui avait une secrète inclination pour lui, le reçut à bras ouverts, au lieu de se défendre. Ceux de Prague vinrent pour la reprendre, et furent battus. De là, Ziska courut à Czaslaw, et s’en empara sans peine. Ceux de Prague vinrent encore l’y inquiéter, et, comme à Graditz, ils furent défaits et repoussés.

Ces nouvelles répandirent l’effroi dans Prague, et les magistrats résolurent d’envoyer à Ziska pour lui proposer un accommodement ; mais les seigneurs calixtins s’y opposèrent, et se firent fort de vaincre le redoutable aveugle. Il était plus facile de s’en vanter que de le faire.

Ziska fit, aussitôt après, une campagne en Moravie, pour seconder Procope contre l’évêque de fer. La seule approche de l’armée taborite mit en fuite l’archiduc Albert ; et Sigismond, qui le suivait pour assister à ses triomphes, partagea la honte de sa retraite. Jean de fer tint bon ; mais il ne put empêcher Jean Ziska de lui prendre quelques places et d’attirer dans son parti un grand nombre de seigneurs hussites de la Moravie.

Ziska ne s’arrêta pas longtemps dans cette contrée : son système était de dévaster et d’épouvanter, non de conquérir. Il laissa Procope aux prises avec l’évêque, et