dire mon orgueil et mon remords !… mon supplice aussi ! Ô Dieu ! vous seul savez quels tourments j’endure depuis deux ans… Vieillard insensé ! toi qui n’as jamais senti battre ton cœur que pour la vile chimère de la fausse gloire, tu n’as pas soupçonné ce que je pouvais souffrir, moi ! Dieu, vous m’avez donné une grande force, je vous remercie de ce que mon épreuve est finie. Me punirez-vous pour l’avoir acceptée ? Non ! car à ma place un autre peut-être en eût odieusement abusé… et j’ai du moins préservé tant que je l’ai pu l’être que je ne pouvais pas sauver.
Scène V.
Laissez-moi, j’en ai assez entendu ; pas un mot de plus, ou j’attente à ma vie. Oui, c’est le châtiment que je devrais vous infliger pour ruiner les folles espérances de votre haine insatiable et de votre orgueil insensé.
Mon cher enfant, au nom du ciel, modérez-vous… Songez à qui vous parlez.
Je parle à celui dont je suis à jamais l’esclave et la victime ! Ô honte ! honte et malédiction sur le jour où je suis né !
La concupiscence parle-t-elle déjà tellement à vos sens que l’idée d’une éternelle chasteté vous exaspère à ce point ?
Tais-toi, vieillard ! Tes lèvres vont se dessécher si tu prononces des mots dont tu ne comprends pas le sens