Page:Sand - Jean Ziska, 1867.djvu/208

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ASTOLPHE, à part.

Je gage qu’on s’impatiente. Oh ! je n’aurai pas fini de si tôt.

(Il recommence à essayer ses toques.)
FAUSTINA, à part.

Encore !… Le fait est qu’il est beau, bien plus beau qu’Antonio ; et on dira ce qu’on voudra, rien ne fait tant d’honneur que d’être au bras d’un beau cavalier. Cela vous pare mieux que tous les joyaux du monde. Quel dommage que tous ces Alcibiades soient si vite ruinés ! En voilà un qui n’a plus le moyen de donner une agrafe de ceinture ou un nœud d’épaule à une femme !

ASTOLPHE, feignant de se parler à lui-même.

Peut-on poser ainsi une plume sur une barrette ! Ces gens-là s’imaginent toujours coiffer des étudiants de Pavie !

(Il arrache la plume et la jette par terre. Faustina la ramasse.)

FAUSTINA, à part.

Une plume magnifique ! et le costumier la lui fera payer. Mais où prend-il assez d’argent pour louer de si riches habits ?

(Regardant autour d’elle.)

Eh mais ! je n’y avais pas fait attention ! Comme cet appartement est changé ! Quel luxe ! C’est un palais aujourd’hui. Des glaces ! des tableaux !

(Regardant le sofa où elle est assise.)

Un meuble de velours tout neuf, avec des crépines d’or fin ! Aurait-il fait un héritage ? Ah ! mon Dieu, et moi qui depuis huit jours… Faut-il que je sois aveugle ! Un si beau garçon !…

(Elle tire de sa poche un petit miroir et arrange sa coiffure.)

ASTOLPHE, à part.

Oh ! c’est bien inutile ! Je suis dans le chemin de la vertu.