Page:Sand - Jean Ziska, 1867.djvu/209

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FAUSTINA, se levant et allant à lui.

À votre aise, infidèle ! Quand donc le beau Narcisse daignera-t-il détourner la tête de son miroir ?

ASTOLPHE, sans se retourner.

Ah ! c’est toi, petite ?

FAUSTINA.

Quittez ce ton protecteur, et regardez-moi.

ASTOLPHE, sans se retourner.

Que me veux-tu ? Je suis pressé.

FAUSTINA, le tirant par le bras.

Mais, vraiment, vous ne reconnaissez pas ma voix, Astolphe ? Votre miroir vous absorbe !

ASTOLPHE, se retourne lentement et la regarde d’un air indifférent.

Eh bien ! qu’y a-t-il ? Je vous regarde. Vous n’êtes pas mal mise. Où passez-vous la nuit ?

FAUSTINA, à part.

Du dépit ? La jalousie le rendra moins fier. Payons d’assurance. (Haut.) Je soupe chez Ludovic.

ASTOLPHE.

J’en suis bien aise ; c’est là aussi que je vais tout à l’heure.

FAUSTINA.

Je ne m’étonne plus de ce riche déguisement. Ce sera une fête magnifique. Les plus belles filles de la ville y sont conviées ; chaque cavalier amène sa maîtresse. Et tu vois que mon costume n’est pas de mauvais goût.

ASTOLPHE.

Un peu mesquin ! C’est du goût d’Antonio ? Ah ! je ne reconnais pas là sa libéralité accoutumée. Il parait, ma pauvre Faustina, qu’il commence à se dégoûter de toi ?

FAUSTINA.

C’est moi plutôt qui commence à me dégoûter de lui.