Page:Sand - Jean Ziska, 1867.djvu/237

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SETTIMIA.

Ils font toute celle qu’ils peuvent faire. À quoi leur servent ces deux chevaux lins qui mangent jour et nuit à l’écurie, et qui n’ont pas la force de labourer ou de traîner le chariot ?

BARBE, ironiquement. À chasser ! C’est un si beau plaisir que la chasse !

SETTIMIA.

Oui, un plaisir de prince ! Mais quand on est ruiné, on ne doit plus se permettre un pareil train.

FRÈRE CÔME.

Elle monte à cheval comme saint Georges.

BARBE.

Fi ! frère Côme ! ne comparez pas aux saints du paradis une personne qui ne se confesse pas, et qui lit toute sorte de livres.

SETTIMIA, laissant tomber son ouvrage. Comment ! toute sorte de livres ! Est-ce qu’elle aurait introduit de mauvais livres dans ma maison.

BARBE.

Des livres grecs, des livres latins. Quand ces livres-là ne sont ni les Heures du diocèse, ni le saint Évangile, ni les Pères de l’Église, ce ne peuvent être que des livres païens ou hérétiques ! Tenez, en voici un des moins gros que j’ai mis dans ma poche pour vous le montrer.

FRÈRE CÔME, ouvrant le livre. Thucydide ! Oh ! nous permettons cela dans les collèges… Avec des coupures, on peut lire les auteurs profanes sans danger.

SETTIMIA.

C’est très-bien ; mais quand on ne lit que ceux-là, on est bien près de ne pas croire en Dieu. Et n’a-t-elle pas osé soutenir hier à souper que Dante n’était pas un auteur impie ?