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sions, mais non comme la cause et le but unique de la sienne. Le vulgaire se trompe toujours en ces sortes d’affaires ; il veut résoudre le problème de toute une existence dans un seul fait, et ne voit pas que ce fait n’est que la goutte d’eau qui fait déborder le vase.

A l’instigation de Ziska, Wenceslas accorda donc ou laissa prendre aux hussites plusieurs églises, et, grâce à cet accommodement, l’année 1417 s’écoula sans que les premières conquêtes de la réforme fussent menacées ni entraînées à de grandes violences. Sigismond répondit aux reproches qu’on lui avait adressés, par une lettre à la fois lâche et insolente. Il se défendait d’avoir livré Jean Huss ; prétendait avoir vu son malheur avec une douleur inexprimable, être sorti plusieurs fois du concile en fureur ; puis il alléguait, non l’autorité infaillible des décisions de l’Église, mais la puissance politique de ce concile, composé, non de quelque peu d’ecclésiastiques, mais des ambassadeurs des rois, et des princes de toute la chrétienté. Enfin il menaçait les hussites d’une croisade qui serait suivie de grands scandales et de périls extrêmes. C’est pourquoi il les priait, très-affectueusement, de ne pas exposer tout un royaume à une totale désolation, et de rejeter toute nouveauté. Quant aux dérèglements qu’on reprochait au clergé, il prétendait, à l’exemple de ses prédécesseurs, ne point s’immiscer dans de telles affaires. Qu’ils se corrigent entre eux, disait il avec une railleuse indifférence, comme ils savent qu’ils doivent le faire. Ils ont l’Écriture sainte devant les yeux, et il n’est permis ni possible, à nous autres gens simples, de l’approfondir.

L’athéisme ironique de cette réponse dut blesser tous les Bohémiens dans leur loyauté et dans leur enthousiasme religieux. Bientôt après arriva la décision du concile à leur égard : elle était rédigée en vingt-quatre arti-