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jean ziska.

n’avait pas de quoi les payer ; et le pillage, sur lequel ces sortes de troupes comptaient, venant à leur manquer, grâce aux précautions de Ziska, qui avait ravagé le pays d’avance, l’armée impériale était déjà mécontente avant d’avoir tiré l’épée.

Cependant elle arriva sans encombre sous les murs de Prague. Les villes lui ouvraient leurs portes, et elle n’y trouvait que des catholiques, empressés de la recevoir. Tous les Hussites étaient à Prague, et Sigismond n’en put saisir que vingt-quatre à Litomeritz, qu’il fit jeter dans l’Elbe. La ville sacrée de Slan elle-même lui ouvrit ses portes ; mais il n’osa y entrer, craignant une embûche. Enfin, étant arrivé devant Prague, le 30 juin, il essaya d’abord une guerre d’escarmouches, dans laquelle il perdit beaucoup de monde, et le 11 juillet il se décida à livrer un assaut général. Les Taborites se battirent en désespérés pour leurs autels et leurs foyers. Les troupes impériales réussirent à s’emparer du Petit-Côté. Un corps de Hongrois se porta dans le grand enclos de l’archevêché ; mais les Taboristes, venant renforcer les habitants de Prague sur tous les points compromis, décidèrent la victoire, et repoussèrent les Impériaux jusqu’à la Moldaw. Ziska, qui se gardait assez ordinairement pour les coups décisifs, se tenait retranché et bien fortifié, avec l’élite de ses Taborites, sur une haute montagne, à l’orient de la nouvelle ville, près du gibet de Prague[1]. Les Allemands, voyant en lui le destin de la bataille, allèrent l’y attaquer avec la résolution de le forcer. L’infanterie saxonne coupa les fascines, combla les fossés, et fraya le chemin à la cavalerie. Ziska se défendait terriblement. Le robuste et intrépide vigneron Robyck combattit à ses côtés et repoussa plusieurs fois l’ennemi. Deux femmes et une

  1. Ce lieu porte encore le nom de Montagne de Ziska.