Page:Sand - Jean de la Roche (Calmann-Levy SD).djvu/269

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ler, parlant liberté et tolérance avec ses enfants, pour augurer que les faits accomplis n’entraînaient pas la perte des biens et des personnes ; mais il en eût été autrement que je n’eusse pris aucun souci de ma fortune et de ma vie. Le monde n’existait pas pour moi si Love ne m’aimait pas, et, comme le plus souvent j’étais désespéré sous ce rapport, j’eusse regardé une sentence de bannissement comme une chose indifférente, et peut-être une sentence de mort comme un bienfait.

À chaque instant, je me levais pour fuir le leurre de cet amour impossible.

Que fais-je ici ? me disais-je ; à quoi bon cette comédie que je joue, et dont elle est peut-être moins dupe que moi-même ? Me voilà, ayant tout accepté d’elle et pour elle, des chagrins sans remède, l’exil et jusqu’à la servitude, tout cela pour m’entendre dire que je ne peux pas être pris au sérieux, même sous l’habit d’un paysan !

Le médecin vint faire sa visite ; après quoi, M. Butler me rappela.

— Jacques, me dit-il, il est permis à ma fille de sortir demain en fauteuil. Il faut vous charger, mon ami, de trouver quatre porteurs pour demain.

— Il n’en faut que trois, répondis-je, je serai le quatrième.