Page:Sand - Jean de la Roche (Calmann-Levy SD).djvu/29

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eût été impossible : mais ils avaient vu diminuer progressivement leurs ressources. Il n’était pas besoin, pour s’en assurer, de consulter notre histoire de famille : il suffisait de jeter les yeux sur le mobilier, qui n’avait pas été renouvelé depuis l’époque de Louis XIII, et qui, par lui-même, ne caractérisait point une existence de splendeur. C’était, dès ce temps-là, l’intérieur d’un gentilhomme médiocre. En cela précisément, cet intérieur était digne d’intérêt. Le luxe et le goût ont conservé ou exhumé beaucoup d’objets de goût et de luxe, mais ceux qui ne servent qu’à préciser le caractère des temps ont généralement disparu du sol de la France. Ainsi je n’ai revu nulle part certains détails d’ornementation intérieure qui existent encore au château de la Roche, entre autres une cheminée de la chambre d’honneur, toute en bois peint de couleurs voyantes, ainsi que le trumeau et le manteau étroit sur lequel, en guise de flambeaux ou de vases, s’élevaient deux découpures de bois mince et peint dans les mêmes tons que le reste, représentant une sorte de haute palme enroulée autour d’une fleur de fantaisie. Cela est franchement laid, fragile, inutile» pauvre et barbare ; mais cela existe encore, et c’est quelque chose que d’exister quand on n’a aucun droit, aucun motif de survivre aux causes ordinaires de destruction.