Page:Sand - Jean de la Roche (Calmann-Levy SD).djvu/28

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ment : c’est elle qui soignait les vaches et le poulailler.

Les appartements n’avaient rien de remarquable au premier, au deuxième et au troisième étage. En revanche, le rez-de-chaussée était fort intéressant. Il offrait, je ne dirai pas un état de conservation satisfaisant (tout était fané et usé), mais au moins le spectacle rare d’une authenticité complète. On a vu suffisamment, par ce qui précède, que nous étions pauvres. Douze mille francs de rente environ, avec l’obligation de conserver tant bien que mal un petit édifice encore beaucoup trop vaste pour notre état de maison, et l’obligation non moins sacrée pour des gentilshommes campagnards de recevoir honorablement quelques voisins, c’était plus que la gêne sans être la misère. C’était cet ensemble de privations morales et intellectuelles qui se dissimule sous une apparence de bien-être apathique. C’était cet état problématique qui fait dire au passant aisé : « Voilà de pauvres seigneurs ! » tandis que le paysan qui le guide vers ces demeures féodales, objet de son respect héréditaire, les lui montre avec orgueil et s’étonne de les voir dédaignées par les appréciateurs du moderne confortable.

Nos aïeux, sans être fort riches, avaient eu plus d’aisance que nous, puisqu’ils avaient fait bâtir ce manoir, dont la moindre réparation nous était si onéreuse, et pour lequel le moindre embellissement nous