Page:Sand - Jean de la Roche (Calmann-Levy SD).djvu/45

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sur d’excellents poneys bretons, et suivis d’un gentleman fort propre, que je pris d’abord, dans mon trouble, pour un domestique, par la seule raison qu’il marchait derrière les jeunes gens.

C’était pourtant M. Butler partant pour la promenade avec sa fille Love et son fils Hope : Amour, Espérance, c’étaient les noms que sa fantaisie paternelle leur avait donnés.

Cette rencontre inattendue, au moment où je faisais un mouvement très-gauche pour me retirer, acheva de me déconcerter. Les jeunes gens n’y virent qu’une intention de politesse, et se rangèrent pour me laisser passer, échange de courtoisie dont je ne profitai pas. Nous étions là, eux très-étonnés, moi très-incertain, laissant le passage libre sans que personne voulût le franchir, lorsque M. Butler arriva, et vint à ma rencontre avec une figure tranquille, ouverte et souriante.

C’était à moi de parler le premier, de me nommer ou de m’excuser en disant que je m’étais permis de vouloir regarder la façade du château, et je ne parlais pas, sentant que le premier parti m’engageait plus que je n’en avais envie, et que le second rompait grossièrement et sans retour toute relation avec d’honnêtes voisins dont ma mère avait reçu les avances. Mon hôte, trop bien élevé pour me questionner, ne disait