Page:Sand - Jean de la Roche (Calmann-Levy SD).djvu/46

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mot, et ma situation devenait ridicule. Je jetai un regard effaré sur miss Love ; elle souriait sous son voile en regardant de côté son jeune frère, qui riait tout à fait sous cape.

Le dépit délia ma langue ; je me nommai, et j’expliquai qu’en voyant mes hôtes partir pour la promenade, j’aurais voulu différer ma visite et me retirer. M. Butler me tendit cordialement la main, me présenta ses deux enfants, et, pour ne pas m’embarrasser, m’engagea à le suivre dans le parc.

— Votre cheval n’a pas chaud, me dit-il, et, d’ailleurs, je vais presque toujours au pas. De cette façon vous ne vous ferez aucun reproche, et j’aurai le plaisir de causer avec vous.

Nous fîmes ainsi une centaine de pas. Les enfants étaient devant nous, et je ne voyais de miss Love que sa taille élégante et mignonne, gracieusement unie à l’allure de son cheval. Sa figure m’avait plu dès le premier coup d’œil, bien que je n’en eusse vu que le bas. Un chapeau rond à plumes, bordé d’une longue dentelle noire m’avait caché son regard et jusqu’à la couleur de ses yeux.

Son père lui adressa tout à coup quelques mots en anglais ; c’était une permission de courir. Prompte à en profiter, elle partit au galop avec son frère et disparut au détour d’une large allée sablée, dont je suivis