Page:Sand - Jean de la Roche (Calmann-Levy SD).djvu/47

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lentement avec M. Butler les moelleuses sinuosités.

Quand il m’eut parlé de ma mère, sur le compte de laquelle il s’exprimait avec un grand respect, et de mon séjour à Paris, d’où il ne me savait pas revenu depuis si longtemps (et je n’osai le détromper), il m’entretint du pays, de ses productions et de ses agréments. Il s’exprimait en homme de bonne compagnie, parlant le français avec correction et seulement avec un peu d’accent et de lenteur ; mais je vis bientôt que sur aucun point il n’avait les idées d’un homme du monde. Il ne se plaignait de rien dans la vie et ne critiquait aucune habitude de vivre, aucune manière de voir. Il semblait n’attacher d’importance à quoi que ce soit, et pourtant il y avait de l’animation dans son esprit. La seule chose qui lui parût sérieusement appréciable, c’était la beauté de la nature et la tranquille liberté de la vie de campagne. Aucun dépit de s’être placé un peu loin d’une ville intéressante et d’un voisinage nombreux ou brillant ; aucun regret d’un passé quelconque, aucune impatience d’homme à projets : une sérénité admirable qui n’affectait pas la supériorité, mais qui laissait percer une fierté de bon goût.

Je cherchais le mot de cette satisfaction tolérante de l’existence et de l’humanité, lorsqu’un détail me mit au courant. Il arrêta son cheval au milieu d’une