ter les expériences scientifiques, qui sont un gouffre sans fond ! Sa femme était créole ; elle a laissé une fortune claire, assurée, à laquelle, en homme d’honneur, il ne touchera jamais, la sienne propre suffisant à ses joies innocentes ; mais cet héritage maternel partagé entre Love et Hope Butler ne présente pas un chiffre exorbitant. C’est une vingtaine de mille francs de rente pour chacun, et, comme vous apportez la considération qui s’attache à un vieux nom, considération qui, au besoin, peut s’évaluer comme une sorte de capital, vous voyez que ce mariage n’aurait rien de disproportionné. En outre, la jeune fille est assez jolie et assez aimable pour que personne ne puisse songer à vous accuser d’ambition. Vous avez l’occasion et la chance pour vous. Nouveau dans le pays, M. Butler ne reçoit encore que peu de personnes, et de loin en loin. Il ne paraît pas disposé à en avoir davantage ; il n’est pas homme à perdre en frivoles conversations le précieux temps qu’il peut consacrer à l’étude. S’il vous a accueilli mieux que la politesse et l’hospitalité ne l’exigeaient, c’est que vous lui avez plu. Vous n’avez donc pas de rivaux pour le moment, ceux qui se sont trop pressés de flairer les écus de sa fille ayant été découragés dès le premier jour. Il est vrai de dire qu’ils ne convenaient sous aucun rapport, et que je n’avais pas voulu me charger de parler pour
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