Page:Sand - Jean de la Roche (Calmann-Levy SD).djvu/64

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

fortune et sa réputation. Sa fortune suffit ; le reste me convient parfaitement. Je consens à le recevoir trois ou quatre fois avant qu’il se déclare, car je veux qu’il apprécie ma fille, ou qu’il y renonce librement s’il ne l’apprécie pas. Je veux aussi que, sans se douter de rien, ma fille puisse le comparer aux autres jeunes gens que nous connaissons, et dont pas un ne lui convient jusqu’ici. Elle me l’a dit nettement, car elle est fort sincère et point du tout coquette. Voilà qui est entendu. S’il plaît à ma fille, et si ma fille lui plaît, nous reparlerons de cela, et nous établirons la condition sine quâ non.

— Ah ! ah ! m’écriai-je, il y a une condition ?

— Bien naturelle, et qui se présente tous les jours dans les projets de mariage. Le père ne veut pas se séparer de sa fille. Eh bien, qu’avez-vous ? Ceci vous donne à réfléchir ? Songez donc que le Butler est assez riche et assez jeune pour vivre encore vingt ans dans une grande aisance, que vous ne dépenserez rien chez lui, que vous y jouirez d’un bel état de maison tout en mettant vos revenus de côté, et que, si vous avez la sagesse de profiter d’une condition si avantageuse, vous pourrez un jour, quand il aura mangé son fonds, racheter sans effort la terre de Bellevue avec des économies et la dot de votre femme. Tout cela est excellent, croyez-le bien. Vous avez là dans les mains