Page:Sand - Jean de la Roche (Calmann-Levy SD).djvu/87

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même. Je venais pour parler à miss Love ; je parlai.

— Je ne vous demande rien, lui dis-je, que de me souffrir auprès de vous assez longtemps pour être à même d’apprécier mes sentiments et de m’accorder votre estime.

— J’ai donc votre estime, moi, reprit-elle avec beaucoup de hauteur, et je vous inspire donc des sentiments quelconques ? Je ne le croyais pas, puisque vous ne me connaissez pas plus que je ne vous connais.

— Il faut croire, repris-je avec une hauteur analogue à la sienne, que ce peu de temps avait suffi pour faire naître mes sentiments et ma confiance, puisque je vous rendais un hommage aussi sérieux que celui d’aspirer à votre main. Si vous ne le croyez pas, c’est que vous me supposez je ne sais quelles vues intéressées qui m’offensent, et dès lors… Je me levais pour m’en aller. Elle me retint avec une sorte d’autorité.

— Pas si vite, dit-elle avec un sang-froid où il entrait de la bienveillance ; je ne veux pas que vous puissiez croire que je vous méprise. Si vous me faites l’honneur de vouloir m’épouser, c’est évidemment que vous m’estimez. J’ai donc eu tort de vous parler comme je l’ai fait. Pardonnez-le-moi. Je ne suis pas