Page:Sand - Journal d’un voyageur pendant la guerre.djvu/201

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à perte de vue. Il ne passe personne, on ne voit pas une poule dans les champs. Cette tranquillité extraordinaire nous frappe tellement que nous nous demandons si la guerre est finie, s’il y a eu guerre, si nous ne rêvons pas depuis quatre mois. — Nous serons peut-être envahis demain.

Ce soir, une petite dépêche. Romorantin a été traversé et rançonné. Nos mobiles ont donné dans une escarmouche et tiré quelques coups de fusil.


17 décembre.


Un mot d’Alexandre Dumas pour m’apprendre la mort de son père. Il était le génie de la vie, il n’a pas senti la mort. Il n’a peut-être pas su que l’ennemi était à sa porte et assistait à sa dernière heure, car on dit que Dieppe est occupé. — Absence totale de nouvelles. À la Châtre, on est consterné, on croit avoir entendu le canon hier dans la soirée. Dans la campagne, on l’a entendu aussi. Je crois que ç’a dû être un tonnerre