Page:Sand - Journal d’un voyageur pendant la guerre.djvu/99

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fondent leur espérance sur le gouvernement. Moi, j’espère peu de la province et de l’action possible de ce gouvernement, qui n’a pas la confiance de la majorité. Il faut bien ouvrir les yeux, le pays n’est pas républicain. Nous sommes une petite fraction partout, même à Paris, où le sentiment bien entendu de la défense fait taire l’opinion personnelle. Si cette admirable abnégation amène la délivrance, c’est le triomphe de la forme républicaine ; on aura fait cette dure et noble expérience de se gouverner soi-même et de se sauver par le concours de tous ; — mais Paris peut-il se sauver seul ? et si la France l’abandonne !… on frémit d’y penser.


La Châtre, 10 octobre 1870.


Abandonner Paris, ce serait s’abandonner soi-même. Je ne crois pas que personne en doute. Je trouve à notre petite ville une bonne physionomie. Elle a pris l’allure militaire qui convient. Ces bourgeois et ces ouvriers avec le fusil sur