Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/58

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» J’avais aussi des jours de calme et de raison bien sentie. La religion du Christ, que j’ai conformée à mon intelligence et à mes besoins, répandait une suavité douce, un attendrissement vrai sur les blessures de mon ame. À la vérité, je ne me suis jamais beaucoup inquiétée de constater à mes propres yeux si le degré de divinité départi à l’ame humaine autorisait ou non les hommes à s’appeler prophètes, demi-dieux, rédempteurs. Bacchus, Moïse, Confutzée, Mahomet, Luther, ont accompli de grandes missions sur la terre, et imprimé de violentes secousses à la marche de l’esprit humain dans le cours des siècles. Étaient-ils semblables à nous, ces hommes par qui nous pensons, par qui nous vivons aujourd’hui ? Ces colosses, dont la puissance morale a organisé les sociétés, n’étaient-ils pas d’une nature plus excellente, plus pure, plus céleste que la nôtre ? Si l’on ne nie point Dieu et l’essence divine de l’homme intellectuel, a-t-on le droit de nier