Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 1.djvu/132

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

voyage ? Ah ! vous n’y songez pas, Lélia ! Aux êtres comme nous, que faut-il à présent ? Le repos de la tombe. Vous avez vécu ! laissez vivre les autres à leur tour ; ne vous jetez pas, ombre triste et fugitive, dans les voies de ceux qui n’ont pas fini leur tâche et perdu leur espoir. Lélia, Lélia ! le cercueil te réclame ; n’as-tu pas assez souffert, pauvre destinée ? Couche-toi donc dans ton linceul, dors donc enfin dans ton silence, ame fatiguée que Dieu ne condamne plus au travail et à la douleur !

Il est bien vrai que vous êtes moins avancée que moi. Il vous reste quelques réminiscences des temps passés. Vous luttez encore parfois contre l’ennemi de l’homme, contre l’espoir. Mais croyez-moi, ma sœur, quelques pas seulement vous séparent du but. Croyez-moi, il y a bien peu de chemin à faire pour que nous marchions du même pas vers l’éternelle béatitude. Vous êtes bien plus près de moi que de Sténio, et puis, pour