Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 1.djvu/144

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me méconnaissez à dessein. Vous savez bien que je serai heureux de peu, parce que rien de ce que vous ferez pour moi ne me paraîtra petit, parce que j’attacherai à vos moindres faveurs le prix qu’elles doivent avoir. Je ne suis pas présomptueux ; je sais combien je suis au-dessous de vous. Cruelle femme ! pourquoi me rappeler sans cesse à cette humilité tremblante qui me fait tant souffrir ?

Je comprends, Lélia ! hélas, je comprends ! C’est Dieu seul que vous pouvez aimer ! C’est seulement au ciel que votre ame peut se reposer et vivre ! Quand vous avez, dans l’émotion d’une heure de rêverie, laissé tomber sur moi un regard d’amour, c’est que vous vous trompiez, c’est que vous pensiez à Dieu, que vous preniez un homme pour un ange. Quand la lune s’est levée, quand elle a éclairé mes traits et dissipé cette ombre favorable à vos chimères dorées, vous avez souri de pitié en reconnaissant le front