Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 1.djvu/159

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— Si je te connais, femme ! s’écria le prêtre avec égarement ; si je te connais ! Mensonge, désespoir, perdition !

Lélia ne lui répondit que par un éclat de rire.

— Voyons, dit-elle, en l’attirant vers elle de sa main froide et bleuâtre, approche, prêtre, et parle-moi de Dieu. Tu sais pourquoi l’on t’a fait venir ici, c’est une ame qui va quitter la terre et qu’il faut envoyer au ciel ; n’en as-tu pas la puissance ?

Le prêtre garda le silence et resta terrifié.

— Allons, Magnus, dit-elle avec une triste ironie, et tournant vers lui son visage pâle déjà couvert des ombres de la mort, remplis la mission que l’Église t’a confiée, sauve-moi, ne perds pas de temps, je vais mourir !

— Lélia, répondit le prêtre, je ne peux pas vous sauver, vous le savez bien ; votre puissance est supérieure à la mienne.

— Qu’est-ce que cela signifie ? dit Lélia, se dressant sur sa couche. Suis-je déjà dans le pays des rêves ? Ne suis-je plus de l’espèce